La légende de la ville d'Ys
E Lanrivoare, e Bro-Leon, seizh mil seizh kant seizh sant ha
seizh-ungent, lazhet gant Meriadeg an Tiern, den a feiz haz a
vrezel, zo kousket da viken barzh bered ar sent ! Haz an amzer o vont hediou da'n eñvor.. Leun a glod haz a drec'h, tremenez eo Meriadeg, an tiern meur... Peoc'h d'e anaon ankeniet! Graelen, ur daron feleun dezhañ, zo det galvet da zont war e Lerc'h. A Lanrivoaré, au pays de Léon, sept mille sept cent sept-vingt et sept saints, tués par le prince Meriadec, homme de foi et de guerre, sont couchés à jamais dans le cimetière des Saints ! Et le temps passe le long de la mémoire... Plein de gloire et de victoire, Meriadec le grand prince a trépassé... Paix à ces ames angoissées ! Gradlon, un de ses fidèles barons, fut appelé à lui succeder. |
En ces temps là, Gradlon le Grand régnait sur Is la majestueuse. La ville était la plus puissante et la plus belle au monde. On y trouvait des multitudes de marchands, des rues grandioses, des palais, et d'immenses cathédrales. Is avait même dominé la mer grâce à d'imposantes digues. On y menait une vie de débauche, mais le roi restait le seul homme vertueux, ignorant tout cela. Dahut (aussi appelée Ahès), sa fille, était la plus belle femme du pays, était la plus débauchée de ses sujets: elle faisait orgie sur orgie, et assassinait ses nombreux amants.
Un jour, un prince étranger arriva à Is (mais certaines légendes laissent supposer qu'il s'agissait du diable en personne). La princesse et lui vivèrent une grande passion d'amour, mais le roi s'opposa au mariage connaissant la mauvaise réputation du prince, car pour lui sa fille était la plus vertueuse de ses sujets. Dahut et le prince complotèrent alors contre Gradlon. Mais celui-ci était bien défendu, et sans la possession de la ville d'Is, aucune tentative de coup d'état ne pourrait réussir.
Une nuit, le roi fut réveillé par Saint-Guénolé, qui lui dit de fuire la ville. Interloqué, le roi l'interrogea: Is est parfaitement défendue, et aucun danger ne peut la menacer. Saint-Guénolé lui demanda s'il a encore autour de son cou la clef ouvrant les digues. Saint-Guénolé lui révéla que sa fille a décidé de noyer la ville pour prendre le pouvoir et épouser celui qu'elle aime.
Gradlon, accompagné par Saint-Guénolé fuit la ville alors que la mer déferle sur l'orgueilleuse cité. Sur le point d'échapper aux flot déchainés, il vit sa fille et vint à son secours. Mais Saint-Guénolé l'averti que Dieu, excédé par tant de débauche, a décidé d'en finir avec les habitants de Ker-Is, et que Gradlon n'aura la vie sauve qu'en sacrifiant sa fille. Gradlon rejetta sa fille à la mer, et echappa à la vague déferlante.
Depuis son engloutissement par la mer, la ville d'Is occupe un rôle central dans les légendes bretonnes. On dit qu'Is renaîtra le jour où une messe y sera célébrée. D'autres légendes mettent en scène la ville engloutie, telle celle où Sainte-Marie du Ménez-Bré ouvre tous les cent ans les flots pour contempler la ville. Une légende dit aussi que les français cherchant un nom pour leur capitale l'appelèrent Par-Is (Pareille à Is), mais que jamais elle n'égala la ville d'Is au temps de sa splendeur.