Un pays où l'on revient
Pour ceux qu'elle aura choisis, c'est peu de visiter la Bretagne. Il faut la quitter en souhaitant d'y vivre, l'oreille collée contre ce profond coquillage en rumeur. Et son appel est celui d'un cloître au mur défoncé vers le large: la mer, le vent, le ciel, la terre nue et rien. C'est ici une province de l'âme.
Julien GRACQ
Sur la colline
Sur la colline
où l'amertume de la roche fond
doucement dans le rire du soleil
sur la colline
où chantonne tout au long du jour
la délivrance du vent
sur la colline
au jardin plein de fleurs inconnues
tu trouveras
(au bout de ta fatigue
ton jeune sang t'ayant depuis longtemps quitté
par chaque blessure)
les fleurs magiques de ton désir
sur la colline
où le soleil offre son rire généreux
aux rides rousses de la roche sculptée.
Youenn GWERNIG
La Cornouaille, dans toute son étendue, se caractérise
par ce ruissellement de lumière et de couleur. Elle se drape, suivant
les saisons, des écharpes dorées ou violettes des
genêts ou des bruyères. Ses forêts de Laz, du
Cranou, de Clohars ou de Coatloc'h gardent sous leurs frondaisons
le secret des fées oubliées et des enchanteurs. Ses
rivières dévalent la pente des monts, mirant dans leurs
cours les aubes vertes des moulins et les tourterelles des manoirs. Ses
chapelles, dans la paix des grands arbres, sont comme des châsses
d'argent abritant le sommeil des saints.
La mer est belle même si elle parait la plus sauvage. Ses baies,
en été ou par les calmes de novembre, ont un coloris de mer
orientale sous l'ocre et le safran des voiles. Ses ports agités,
plein de soleil, sentent le goudron et la rogue. Ils s'égaient du
pavois des filets qui sèchent, ouvrant leurs arcs-de-triomphe entre
les maisons des villes-closes. Ses îles - Sein, les Glénans,
Raguénès et l'Ile Verte - sont lumineuses et fraîches
comme l'aurore. L'air y est vif et léger comme au premier temps du
monde.
François MENEZ
Ici c'est étroit sur l'homme; dans les avenues ouvertes,
Je soupire après la côte si belle dans son habit de
lande,
Comme une petite île rongée par les vagues,
Mon coeur est là-bas dans les machoires de la mer.
Loin là-bas, cap à l'occident, si vous voulez aller,
De l'autre côté des montagnes et des côtes
agréables,
Oh! vous verrez peut-être, étranger heureux,
Le pays où est mon coeur, le pays qui m'a enfanté.
O îles de la Grêce, îles de la Grêce,
Aux jardins si riche au soleil éternel,
Entre toutes les îles vous êtes renommées,
Et les harpes d'or de mille poètes vous ont louées par
le monde.
Et cependant jamais je n'aidésiré aller vers vous
Vivre en vous je ne pourrais ni pour argent, ni pour or,
Car mon coeur est là-bas dans les pauvres archipels,
Où l'on entend parmi les roches le saint langage des Celtes!
Jean-Pierre CALLOC'H