L'appel du large

Dans la grand'hune

La mer m'a versé son breuvage
Son lait, salé d'un sel amer;
Et j'ai grandi comme un sauvage
Sur le sein libre de la mer.

La mer, de ses rudes caresses,
A pétri mon coeur et ma chair;
Ce sont de farouches tendresses
Que les tendresses de la mer.

La mer m'a chanté l'aventure,
L'espace, la vie au grand air.
Je suis un oiseau de mâture,
Un goëland, fils de la mer!

Et si, dans ma chanson bretonne,
Un souffle passe, large et fier,
C'est qu'en moi gémit, hurle et tonnne
L'âme innombrable de la mer.

Anatole LE BRAZ

Hymne à l'océan

Mer qui scintille entre les troncs des pins,
Toi, couleuvre lovée dans l'écrin des collines vertes,
Réveille-toi, que clapote ta vague sur les galets,
Que gronde ta maréequi s'engouffre par le goulet de Loctudy!
Bientôt tu submergeras les herbiers,
Tu embrassera les îles et tu les monteras sur tes boucles d'émeraude.
Tourne vers le soleil le rire de tes écailles riantes.
Monte, marée, caresse les rochers des gorges à pic.
Monte, marée, étends ton pouvoir sur le désert de la grève,
Couvre les marais de Kerliovarn et les joncs de Roz-Vein (...)
Salut à toi, flux de la mer! Conquérant invincible porteur de vie
Ame de mon pays! Germe éternel de sa jeunesse!
Toi qui donne santé, toi qui rafraîchis, toi qui balaies la fièvre noire
Quand tu apportes de tes espaces
Du fond sans limite de tes bains magiques
Jusqu'au coeur de ma cité, au coeur de mes amis,
Assurance et sérénité
Rapidité, jeunesse toujours nouvelle,
Et l'oublie des années qui passent, l'oublie de leurs chagrins,
O toi noble façonneur de mes îles,
Modeleur de l'âme de ma race,
Splendeur de mon pays,
Atlantique!

Youenn DREZEN